Madère en hiver

une île calme

Nous quittons Machico en début de matinée. Le soleil est bien levé mais la petite ville n’aura pas remarqué notre départ, car déjà nous sommes sur les sentiers et invisibles de la route. Cette montée en bout de vallée nous éloigne des maisons, la crête que nous devinons après une petite heure de marche cache ce qui nous attend, la Madère de l’Atlantique.

Madère en hiver

Une côte nord sauvage et envoutante

Depuis la découverte de l’ile de Madère au 15ème siècle par les portugais, les gens se sont installés, ont cultivé et adapté les flancs hostiles des montagnes pour en vivre. Ils inventèrent les Levadas, faisant cascader l’eau des hauteurs vers les champs en terrasse, et progressivement domestiquèrent l‘île. A ses débuts, l‘île faisait rêver les aventuriers, accueillait les richesses des Indes et servait de tremplin aux grandes découvertes. Le vin de Madère est le lointain descendant de cette époque, lui qui naissait dans les soutes des navires et devenait bon, chauffé par le soleil des tropique.

Même si le temps et l’histoire ont fait leur œuvre, la côte nord de l‘île a gardé la force de ses origines. Le chemin de crête qui longe la côte vers Porto da Cruz renforce cette impression, nous sommes sur une Madère préhistorisque avant les premiers hommes. Sous nos chaussures, en descente verticale, un tapis de bruyère primaire rejoint l’océan et la houle interdit tout pied à terre. João Gonçalves Zarco à son époque devant cette façade de falaise n’aurait sans doute jamais pensé qu’on y marcherait pour le plaisir.


la côte nord de Madère est très abrupte, mais reste très verte. Ici un sentier de randonnée entre Machico et Porto da Cruz. Plus de photos

Après une bonne heure de marche en équilibre sur le bord de l’océan, nous entrons sous les bois et nous découvrons un premier aperçu de la forêt primaire de Madère. Lauriers torturés, fougères géantes et brumes tempérées offrent un aspect jurassique au sentier. Encore présente sur l‘île, cette forêt fut il y a plus de 10.000 ans le bois commun de toute l’Europe.

Nous arrivons en fin de journée sur les hauteurs de Porto da Cruz. C’est ici que nous retrouvons les habitations de quelques villages cachés les uns des autres par de profondes entailles volcaniques. La région est probablement ici la plus rurale de toute l‘île, et un flegme paisible se dégage des personnes que nous croisons. Notre semaine de randonnée à Madère débute, loin du tumulte d’une ville même petite comme Funchal. C’est l’hiver mais il ne fait pas froid, nous sommes face à l’Afrique mais il pleut, un réel dépaysement nous attend.

Les randonnées en Levada

Pendant plusieurs jours nous avons sillonné les sentiers sur les hauteurs de Porto da Cruz, Sao Roque do Faial et Santana. Voici une petite sélection des randonnées qui peuvent être réalisées simplement et qui vous permettront de profiter des particularités des Levadas et de la végétation unique de l‘île.

Le Pic de l’Aigle offre un point de vue unique sur cette partie de Madère et la vallée de Fajã de Nogueira. Son ascension est courte, mais assez raide (+600m de dénivelé). Le chemin est impossible à manquer en partant du col da Cruz en hauteur du village (un panneau indique Penha d’Aguia), et une fois en marche il suffit de monter. Au sommet, si le temps vous le permet vous profiterez de la vue sur les sommets de l‘île. La descente se fait en continuant le chemin pour arriver sur la mer et face au village de Faial plus bas.

Les sentiers du col de Portela à Riberio Frio et celui de Fajã da Nogueira, tous les deux longs d’une dizaine de kilomètre, permettent de découvrir un paysage typiquement Madérien. Vous longerez les levadas à flanc de falaise parfois creusées à même la roche, vous passerez de petites cascades, et parfois même marcherez sous la gouttière naturelle formée par les mousses descendant de la paroi. Évidemment, vous serez aussi immergés au cœur de la forêt primaire laurisilve.


l’eau est très présente sur Madère, et mouille souvent les marcheurs longeant les parois verticales. Plus de photos

Pour terminer, la randonnée du Caldeirão verde. C’est la randonnée préférée des Madériens, ce qui en fait aussi un sentier plus fréquenté que les autres. Le départ se fait de la maison de Queimadas et le sentier suit la Levada jusqu‘à sa source, une impressionnante chute d’eau tombant au fond d’une crevasse en forme de puit. Prévoir une frontale car la levada utilise quelques tunnels creusés pour faciliter son passage. Le chaudron vert est atteint en moins de deux heures, mais n’hésitez pas à prendre votre temps pour profiter de l’incroyable vue qu’offre le sentier, parfois un peu vertigineux. Une bifurcation à mi-chemin permet au retour de descendre à travers la forêt vers le village d’Ihla pour une randonnée d’une longueur totale d’environ 12km.

Comment y aller

Aigle Azur propose un vol direct depuis Paris jusqu‘à Funchal pour une durée de 3h30. L’avion arrive en général en fin d’après midi vers 17:00 (aux dernières nouvelles), ce qui laisse le temps de s’installer pour le premier soir. La compagnie propose aussi depuis peu une ligne Lyon >> Funchal, une fois par semaine le jeudi.

Sur place, un système de bus permet de faire le tour de l‘île facilement. Nous sommes restés quelques jours à Ilha dans l’hôtel rural de Manuel et de sa femme un couple de Madériens francophones. Touche à tout, Manuel est à la fois taxi, restaurateur, viticulteur, champion de la préparation de la Puncha et de vin de Madère. Ilha & Montanha

Pour organiser vos randonnées, nous vous conseillons le guide de randonnée à madère écrit par Antoine Lammertyn qui nous a lui même accompagné pendant cette semaine. Les randonnées que nous présentons ici sont détaillée dans le guide. N’hésitez pas à le commander (ici fnac, ou là amazon), il accompagnera parfaitement votre découverte de l‘île.

Antoine est aussi guide accompagnateur à Madère pour Terres d’Aventure et sur plusieurs circuits à Madère, et en particulier la découverte de Madère.