Innu du clan de l'Aigle

Claude, Indien

Claude. Un prénom apparemment bien Français, ou Québecois. Même si je voyage beaucoup et si j’ai appris à me méfier des clichés que nous avons, ou des raccourcis culturels que nous faisons souvent, je ne m’attendais pas à rencontrer un “Indien” qui s’appelle Claude Boivin.

Innu du clan de l'Aigle

Claude :

“Quand les gens arrivent chez moi, ils sont presque surpris de me voir habillé normalement, que je ne vive pas “vraiment” dans un Tipi, voire même que je puisse avoir une maison totalement moderne…”

Évidemment il exagère, les gens qui viennent chez lui sont souvent lucides sur le quotidien des ethnies amérindiennes; et peut-être encore plus les Français, de l‘éloignement géographique nait la curiosité. Les Indiens d’Amérique, toute une histoire.

“mais encore, cette histoire est bien compliquée aussi pour nous. Je vais t’expliquer.”

La veille de ma rencontre avec l’Indien

Je quitte Wendake en début de matinée. J’y suis resté une nuit, à l’Hôtel Musée Premières Nations. A quelques kilomètres seulement de Québec et de son aéroport, c’est un excellent lieu pour se remettre du long voyage. C’est surtout une superbe introduction à la culture amérindienne, celle des Hurons ici, celles des Innus vers le Lac Saint-Jean où je dois me rendre.


L’architecture de l’Hôtel Musée Premières Nations. Sans rien y connaitre, je lui ai quand même trouvé un je ne sais quoi de maison longue Huronne.

Dans l’enceinte de l’hôtel, un petit musée expose des objets et maquettes de la culture amérindienne. On y voit clairement la progression de l’influence européenne depuis les premiers contacts. On peut aussi visiter une maison longue reconstituée, une vraie grande maison de village où plusieurs familles vivaient. Oui, il n’y avaient pas que des tipis.


Intérieur d’une maison longue.

La route vers le Lac Saint Jean

Je suis au Québec depuis deux jours et même si je suis surtout là pour la nature et les grands espaces je suis bienheureux de rouler quelques heures. J’aime assez d’ailleurs, on n’a pas le choix au Québec, la route. Du coup très vite je quitte la banlieue de Québec et je prends la 169 en direction du nord.


La route de Québec à Robertval. Évidemment il n’y a pas le choix, il faut avoir une voiture, en louer une, ou faire du stop.

Sur le chemin je croise des noms familiers comme le Parc National de la Jacques Cartier ou la Réserve Faunique des Laurentides que je visiterai peut-être une autre fois. L’objectif aujourd’hui est Robertval où mon hôte m’attend, l’adresse : 607, rang 2 sud, Roberval.
Voilà encore quelque chose bien local, les adresses et la façon de numéroter les rues sur des kilomètres ou l’impression de se trouver dans les allées d’un entrepôt. 607 rang 2 sud!. Quelques jours plus tard j’aurai rendez-vous au numéro 5300 d’un boulevard Sainte-Anne.

Quelques kilomètres avant Robertval je découvre le lac Saint-Jean, véritable petite mer intérieure à la hauteur des dimensions du pays. La photo ne le montre pas mais je crois que dans la plus longue diagonale je ne voyais pas l’autre rive. Je suis curieux d’imaginer à quoi l’endroit peut ressembler en hiver.


Le Lac Saint-Jean vu de la rive sud.

J’arrive ainsi en milieu d’après-midi chez Claude. Après de rapides présentations il me propose de faire le tour du propriétaire ce que j’accepte volontiers. Très vite à la manière dont il me présente son terrain et le résultat de son travail, je sens que je vais passer une bonne soirée. Il est calme mais direct, échange et fait confiance.

Il a acheté l’endroit un peu en hauteur à quelques kilomètres de Robertval et en a fait son refuge, son chez lui. Au début il n’y avait rien puis à force de travail il a construit un petit parc naturel ou les arbres, bosquets et pelouses s‘équilibrent. Au fond du terrain coule un ruisseau qui alimente une mare. A différents endroits, quelques sculptures.


Les tipis. J’ai dormi dans l’un d’eux. Le sol est couvert de branches de jeunes pins, c’est très agréable. Évidemment on dort sur un matelas.


L’entrée cachée d’un tipi.

Aventure Plume Blanche est la structure qu’il a montée pour accueillir les visiteurs qui s’intéressent à la culture autochtone. Il propose bien sur un hébergement en Tipi, mais dispose aussi de chalets que chacun peut louer comme petit pied à terre pour une visite de la région. On peut aussi diner sur place quelques mets traditionnels préparés par un traiteur de Mashteuiatsh, c’est ce que je recommande.

Mashteuiatsh. C’est une communauté Innue. C’est la communauté d’où provient Claude. En réalité, il s’agit de l’héritage du système colonial mis en place au 19ème siècle où les fameuses réserves d’indiens furent crées. Aujourd’hui cette loi sur les Indiens est toujours en vigueur même si elle a évolué.


Claude un membre actif et impliqué dans la promotion des cultures autochtones.

Naturellement, ma curiosité me fait poser beaucoup de questions à Claude. La loi sur les Indiens, la question de l’abolir ou pas, mais plus encore les traces qu’elle a pu laisser dans les histoires personnelles comme lorsqu’il fut décidé des pensionnats autochtones.

Nous parlons ainsi de longues heures. Je suis dans mon rôle candide, Claude me répond simplement. Évidemment, il est concerné de près par tout cela.

Claude est aussi un membre actif de sa communauté. Il participe aux Pow Wows, ces fêtes traditionnelles indiennes, où il possède le titre prestigieux de porteur de Staff. Il travaille aussi à la sensibilisation auprès des jeunes de la communauté, et aide à rappeler que cette culture autochtone qui s’oublie vaut bien celle vendue dans les médias.


Claude dans son espace de méditation qu’il ouvre aux visiteurs avec plaisir. Chacun possède son chez soi, ses objets et ses souvenirs, son endroit de repos.


Claude Boivin, Innu du clan de l’Aigle.

Je n’ai pas pu rester plus longtemps et j’ai du repartir dès le lendemain, mais j’ai vraiment beaucoup aimé cette rencontre.

Sur le terrain juste avant de partir alors que j’allais monter dans la voiture, j’ai aussi croisé un lapin. Un lapin sans aucune crainte.


Le lapin sans crainte.

Plus d’infos

Allez visiter Claude au bord du Lac Saint Jean, ça s’appelle Aventure Plume Blanche;
L’Hôtel Musée Premières Nations, introduction rapide à la culture autochtone. Je recommande le restaurant, absolument excellent.
Si vous souhaitez louer une voiture, pour ma part je suis passé par Discount Quebec.
Si vous cherchez une agence qui organise des voyages sur mesure au Québec, vous pouvez jeter un oeil sur ce que propose Authentik Canada.

Je tiens surtout à remercier Québec Nature sans qui ce voyage n’aurait pas été possible, et pour l’itinéraire proposé et sans lequel je n’aurais sans doute pas rencontré Claude.