Myvatn en hiver

un concentré d'Islande

Jean-Marc m’accueille à mon arrivée à Reykjahlíð. Il est venu s’installer à Myvatn il y a quelques années après avoir convaincu sa femme Harpa, islandaise, de quitter le confort de Reykjavik. Il est guide et accueille les voyageurs qui souhaitent découvrir la nature islandaise, c’est la seule chose que je sais de lui.

Myvatn en hiver

Pour le remercier de son accueil, je lui tends la bouteille de whisky ramenée de France. J’avais une chance sur deux qu’il apprécie, mais au prix de l’alcool en Islande, je pensais que c‘était une bonne idée.
Sa réponse me le confirme :
“C’est super, j’adore le whisky, et j’en parlais justement hier soir avec Harpa.”

J’enchaine alors en ajoutant que je n’ai rien prévu pour les Elfes, habitants invisibles mais bien connus, en espérant qu’ils ne m’en voudront pas. Il me répond, sérieusement:
“Ah non, les Elfes il n’y en a pas par ici à Myvatn, ils sont plutôt dans les Fjords de l’Est”

Sans trop savoir quoi penser de cette dernière phrase, je le quitte après qu’il m’ait donné rendez-vous le lendemain pour une randonnée en raquettes dans la Caldeira de Krafla.


La caldeira de Krafla depuis le sommet d’un petit cratère. Voir plus de photos

Le Krafla est le volcan majeur de la région de Myvatn et aussi le plus actif. Sa dernière éruption date de 1984 et à l‘époque, des fontaines de lave en fusion de plusieurs centaines de mètres de haut éclairaient le ciel jusqu‘à Reykjavik. Aujourd’hui en cette matinée de mars, le volcan est au repos, étonnamment d’ailleurs. La présentation de ces lieux dans les brochures, comme “une des zones volcaniques parmi les plus actives au Monde“, laisse dans l’esprit collectif l’image d’un endroit dantesque où la terre explose en continu.

C’est cependant rarement le cas sur les volcans qui sont en réalité très souvent calmes. Il y règne par contre une atmosphère étrange, comme dans l’oeil du cyclone, et une force indéniable se dégage des lieux. Le magma, jamais très loin mais jamais visible, agit en juge de paix potentiel, force de dissuasion naturelle. L’ardeur des éléments est tempérée jusqu‘à la prochaine manifestation géologique qui n’arrivera jamais, et pour les visiteurs de passage, l’impression ressentie est variable. Certains s’y trouvent bien, soulagés, d’autres se sentent perturbés, en déséquilibre sensoriel. Dans tous les cas, personne n’est insensible.


La gueule du monstre, le rift, l’endroit où les continents se séparent, juste devant nous. Par endroit, les fumeroles percent la neige, ailleurs le sol est chaud. Les traces des feux de Krafla de 1984 sont encore toutes fraiches. Voir plus de photos

Pour ma part, je profite de l’endroit. Nous marchons depuis plusieurs minutes sur un large plateau blanc lorsque Jean-Marc nous montre au loin vers la gauche une zone sans neige. “C’est la faille apparue lors de la dernière éruption, nous y allons“. Nous distinguons en effet quelques fumées qui s‘échappent de fractures de lave, ainsi que l’odeur caractéristique de soufre qui confirme ses dires.

En montant sur cette faille qui est aussi une émergence de la dorsale océanique qui sépare les continents américains et européens, nous comprenons que nous sommes bien au centre d’un volcan, gigantesque. Nous voyons au loin, à cinq ou six kilomètres, les bords de la caldeira et je prends conscience de la démesure des lieux.

Nous repartons après le déjeuner et prenons le temps de nous arrêter lorsque l’envie nous prend, au rythme du terrain. Devant une étendue ouverte, Jean-Marc se met à genoux dans la neige, et semble communier les yeux fermés. Je l’observe et l’imite, puis commence à comprendre.

Comme partout ailleurs dans le pays, les Islandais pratiquent la baignade en communauté. Géothermie aidant, le moindre petit village possède sa piscine municipale chauffée, héritage d’anciennes pratiques où on se retrouvait dans la nature autour d’une source chaude. A Myvatn, comme au célèbre Blue Lagoon, on utilise les rejets d’eau de l’usine géothermique locale pour alimenter les bains du village. L’endroit est posté légèrement en hauteur avec une très belle vue sur le lac, ce qui ajoute au plaisir de s’y rendre. Nous y viendrons trois fois de suite tant l’endroit est irréel, agréable et reposant après une journée en pleine nature.


Les bains publics de Myvatn, à préférer à ceux du Blue Lagoon trop touristiques. Attention, c’est totalement sain, et même conseillé, car l’eau est chargée de sels minéraux, bienfaits pour le corps. Voir plus de photos

La région de Myvatn est un condensé de géologie volcanique. En plusieurs milliers d’années, de nombreuses manifestations volcaniques ont ponctué le paysage de cratères, rivières chaudes souterraines (Jean Marc les connait) et autres colonnes de lave. Vous pourrez ainsi naviguer sur un espace de quelques kilomètres carrés dominés par Hverfjall, un cratère de 1000m de diamètre sur le bord est du lac qui fut un des terrains d’entrainement des astronautes américains pour sa ressemblance avec le sol lunaire. Du sommet on aperçoit aussi l‘étrange zone chaotique de Dimmuborgir au style surnaturel.


Le cratère Hverfjall vu depuis l’autre coté du lac. Voir plus de photos

Dimmuborgir se présente comme un dédale de lave, une ville figée et fortifiée contrôlée par les Trolls, invisibles mais très présents au point de toucher les visiteurs. Plus loin, le contraste est saisissant lorsque nous arrivons sur la petite île d’Höfdi, au sud du lac de Myvatn. Alors que l’hiver islandais renforce l’hostilité d’une terre déjà dénudée, la petite forêt d’Höfdi est un écrin qui apaise. On prendra ainsi plaisir en fin de journée à se promener sur les sentiers de sous-bois aménagés par quelques lutins, puis s’arrêter dans une des clairières cachée par les arbres.


La petite forêt sur l’ile de Höfdi, un endroit reposant après l’ambiance minérale des environs. Voir plus de photos

Quelques photos de Myvatn en hiver


La cendre volcanique, visibile un peu partout en Islande


Champ de lave des environs de Myvatn sous la neige


Les colonnes de lave de Dimmuborgir, le village pétrifié des Trolls


Balade en raquettes dans le désert blanc


Pause à Krafla

Découvrez aussi le portfolio d’Islande en hiver.

Pour en savoir plus

J’ai voyagé plusieurs fois en Islande et la région de Myvatn est sans doute celle qui résume le mieux le pays, surtout en hiver. Relief dénudé, force des éléments, beauté des paysage et curiosités volcaniques sous la surveillance des êtres invisibles qui donnent vie aux mythes. Il est vrai que la région est un peu éloignée, à l’opposée de la capitale sur la carte nationale, mais on s’y rend facilement.

Prendre d’abord l’avion pour Reykjavik avec Icelandair puis au choix :

x louer une voiture et faire le tour de l‘île
x prendre le bus de Reykjavik à Myvatn, en faisant un arrêt à Akureyri pour visiter;
x prendre un vol intérieur pour akureyri.

Sur place, je vous conseille vivement de contacter Jean Marc qui vous guidera et vous fera découvrir quelques richesses naturelles hors des sentiers battus. Il propose par exemple un séjour randonnée raquettes en Islande qui reprend une partie de ce que nous avons fait.

Pour la préparation du voyage, le net est plein d’infos, il suffit de demander à Google. Ceci dit, si je devais citer 2 points d’entrée : Visit Iceland, le portail de l’office de tourisme, et le blog de Michel et son excellente liste pratique.

Liens

Visit Iceland, le portail officiel
L’agence de voyage en Islande Alkemia
Icelandair
Le blog sur l’Islande de Michel
Myvatn sur Wikipedia