Neige et grand espaces
Nous suivons Lars qui trace le chemin entre les arbres. Suédois d’origine et Lapon d’adoption, notre hôte connait la région comme sa poche et navigue suivant l’ancienne trace de ski qu’il reconnait à la texture de la neige. La paysage alterne entre sous-bois aérés, clairières et espaces ouverts parsemés de jeunes pousses de bouleaux et de pins. Après 2 h de ski, nous atteignons un espace ouvert qui, plus qu’ailleurs, imprègne notre esprit de la dimension des lieux.
Alors que nous profitons de l’arrêt au milieu de cette zone dégagée, Lars nous ramène à la réalité : “We are on the river, but don’t worry”. En effet, en hiver et à cette latitude, la glace est épaisse de 50 à 80 cm ce qui est largement suffisant pour supporter le poids de quelques bipèdes de passage. Nous longeons la rive pendant quelques minutes, puis au détour d’une dernière courbe nous montons sur l‘épaule où se trouve la petite cabane de bucherons qui nous servira d’abri pour le déjeuner.
Arbuste sur le bord de la rivière gelée
Nous sommes dans la cabane. Inconsciemment, en entrant dans ce refuge abrité de l’extérieur et du vent, nous retirons la couche la plus chaude de nos vêtements, et nos gants. La sensation n’est pas désagréable au début, puis très vite le froid nous rattrape. Il doit faire -10°C à l’intérieur. Viktor, champion de timbersport, nous découpe quelques buches à la main et allume un feu devant lequel nous nous regroupons pour nous réchauffer.
Naturellement, les discussions reprennent, chacun commentant les paysages traversés, tel sous-bois, telle clairière en contre jour, la texture de la neige et le bruit de nos skis coupant le silence.
Pour ma part, je n’ai pas envie de revenir dans le groupe des hommes, pas encore; je sors pour profiter de la forêt, seul. Je fais quelques pas pour m‘éloigner de la cabane, suffisamment pour ne plus rien entendre et sentir la nature. Je vis cet instant : je suis dans la forêt boréale au plein cœur de l’hiver, en Laponie Suédoise.
Ski nordique en Laponie
Les lumières de Laponie
Nulle part ailleurs sans doute le contraste des saisons est aussi saisissant qu’en Laponie. Ou sur les terres arctiques. En été, le jour est omniprésent et la faune profite des quelques semaines de temps favorable. Il faut faire vite car dès septembre, les couleurs ocres et rouges des arbres, comme un début de crépuscule, annoncent la longue nuit à venir. Au delà du cercle arctique, le soleil diffuse une lumière rasante de fin de journée, toute la journée, pour finir au cœur de l’hiver pas ne plus se lever. Les températures baissent, deviennent négatives en celsius et la neige tombe, systématiquement. Bien préparés par la sélection naturelle, le renard, le lièvre et la perdrix rangent leurs habits d‘été pour se fondre en blanc dans le paysage. On remarque bien quelques traces dans la neige mais les animaux sont invisibles.
Une aurore boréale en Laponie. Aller voir et photographier des aurores boréales.
Le clou du spectacle arrive dès que le ciel se dégage. Pas tout à fait résigner, le soleil se rappelle à notre souvenir en orchestrant un ballet naturel. Les aurores boréales si violentes en altitude bercent le regard dans un rythme hypnotique au point d’en oublier les températures glaciales souvent associées au phénomène. Il est minuit mais personne ne souhaite rentrer se réchauffer.
L’hiver 2012-2013 correspond au pic de l’activité solaire responsable des aurores. C’est le moment d’aller les observer.
Le lendemain, nous partons pour une randonnée de deux jours où il est prévu de dormir dans un refuge. Sur le chemin, un peu à l‘écart de la piste, nous trouverons les restes d’un renne victime de l’attaque d’un glouton. Animal peu connu par chez nous, le wolwerine en anglais, rendu célèbre par une bande de comics, est un des quelques prédateurs d’une région qui compte aussi ses big fives. Dont l’homme.
Depuis longtemps les hommes de la région, les Sames pratiquent la chasse en complément de leur activité d‘éleveurs de rennes et ne ratent jamais l’occasion de tirer un élan. Le soir nous retrouvons le chalet qui est utilisé à l’occasion par les chasseurs qui dans leur course se sont trop éloignés de leur point de départ. Pour notre grand plaisir, il est équipé d’un sauna que nous utiliserons pour nous relaxer comme le veut l’usage..
Départ pour deux jours de ski de randonnée en Laponie
Se rendre en Laponie
La Laponie est accessible assez facilement mais il faut malgré tout prévoir une étape via Stockholm ou Helsinki pour ensuite prendre la direction du grand Nord.
Voici 2 options possibles :
- prendre l’avion pour Stockholm puis le train pour Kiruna, Abisko ou même Narvik sur la côte Norvégienne;
- prendre l’avion pour Helsinki, puis un second avion pour Kittila ou Rovaniemi;
Si vous les activités sportives, je vous conseille Rajamaa (dites-leur que vous venez de la part de Vincent de Journal du Trek…), situé en plein milieu de la Laponie juste sur la frontière entre la Suède et la Finlande. C’est central si vous souhaitez rayonner, et le lieu propose des hébergements en petits chalets équipés (2-4-6 places), une salle commune qui fait aussi office de restaurant ainsi que la possibilité de pratiquer chiens de traineaux, ski nordique, raquettes avec ou sans guide.
Pour plus d’informations, vous pouvez aussi consulter le site de l’office de tourisme de Suède et en particulier la rubrique Laponie.
Voir les articles publiés précédemment:
Comment faire des photos d’aurores boréales
Les Sames de Laponie
Une randonnée raquette en Finlande
Une randonnée en chiens de traineaux en Laponie
